LES CITOYENS ET L'EUROPE

La double démocratie, une Europe politique pour la croissance, 

c'est le titre d'un ouvrage que viennent de publier Michel Aglietta et Nicolas Leron au Seuil.

Ils nous proposent un projet politique, qui n'est,  ni une sortie de l'Union européenne ni un fédéralisme béat et,  qui redonne véritablement leur place aux citoyens.

En cette période de Brexit et de débats présidentiels fébriles  en France, l'exercice est très stimulant.

En voici

1) Un résumé:

Europe politique : vers une double démocratie

Nous avons un besoin absolu ­d'Europe. Tel est le slogan de ce livre. L'Europe a été atteinte par la crise financière et ses répercussions, plus gravement qu'aucune autre région du monde à cause de la faiblesse de sa gouvernance politique.

http://confrontations.org

2) un entretien accordé par les auteurs à la fondation Jean Jaurès:

Comment surmonter la crise en Europe ?

Crise économique, financière et institutionnelle, défiance des institutions européennes, montée des populismes qui ont vu la victoire du Brexit : autant de défis auxquels l'Europe est actuellement confrontée. À l'occasion de la sortie de leur dernier ouvrage, Michel Aglietta et Nicolas Leron ont présenté leurs propositions pour une revitalisation des démocraties nationales.

https://jean-jaures.org

Comments

[BRS]

"Le progrés économique engendre le progré social". "La libre concurrence bénéficie au consommateur". "L'industrie fabrique des biens que tous peuvent acquérir".

Ce modèle économique des années 1950 a aujourd'hui atteint ses limites me semble-t-il.

L'une d'elle est la quasi-interdiction de l'artisanat. Chaque entreprise doit brasser beaucoup d'argent; l'artisanat ne se maintient que dans le luxe. Le rapport de l'homme à la matière (pierre, bois, minerai...), l'art de produire des objets ou de cultiver, où la réussite dépend de l'expérience du menuisier, du paysan, etc, tout cela passe à la trappe. Sauf pour la production de biens à destination des riches.

La profuction industrielle est le paradigme de la sociale-démocratie. Cf l'Allemagne.

Ajoutez-y la mondialisation...

Conséquence : spécialisation des régions, voire des pays, dans certaines productions.

D'où le droit à la migration me direz-vous, pour aller dans les pays où il y a du travail.

Pourquoi donc suis-je revenu en France ? Il y avait plus de travail en Allemagne.

Parce que je veux connaître la terre de mes grand-parents, et pour cela j'en accepte le prix, qui est de se coltiner la misère législative française.

Parce que j'en avais marre de la frénésie incessante de l'industrie et du fric.

D'une certaine façon, la misère législative française, qui n'incite pas à travailler, a poussé la France sur la rive du fleuve économique, dans des eaux stagnantes. La décroissance de notre vitesse économique, c'est notre dédindustrialisation. Nous commençons maintenant à basculer dans la pauvreté, à sombrer dans la rive boueuse. Ce qui n'est plus cool. Alors que ralentir tout en conservant les avantages du courant central, c'était cool. C'étaient les années fric 1990-2000. Maintenant, c'est fini de rire.

Faut-il retourner au centre du fleuve ou créer notre petit canal à nous ?

Cordialement,

[saintlocitoyen15]

Non à la complexité! C'est un beau slogan mais...C'est toute la logique de l'économie de marché, de la concurrence, et du libre échange à laquelle, au fond vous vous opposez en n'en retenant que les contraintes, et non les avantages qui sont multiples et que le consommateur plébiscite tous les jours. Il y a de la place pour les circuits courts et il faut la développer dans un certain nombre de domaines comme l'alimentation mais, cela ne peut être le cas dans tous les domaines sauf à revenir quasiment au monde préindustriel. Le PC sur lequel je vous réponds est un pur produit de la mondialisation. Les américains commencent à se rendre compte des limites du discours de Trump qui s'est fait élire sur la dénonciation des élites et des inconvénients du libre échange. Comme les inconvénients du libre échange se vont voir surtout à court terme et les avantages à long terme comme ceux de la concurrence, les démagogues de tous poils ont un boulevard devant eux avec leurs discours ultra simplificateurs fondés sur un soit-disant bon sens qui nous conduit vers l'abîme. Faut-il qu'ils arrivent au pouvoir pour qu'enfin leurs thèses apparaissent pour ce qu'elles sont : de pures fumisteries le plus souvent. Les risques sont énormes. Je ne pense pas que la montée des nationalismes exacerbés rendent le monde moins dangereux, moins anxiogène. Quant aux normes que vous dénoncez si drôlement, elles sont le plus souvent un moyen de faciliter la concurrence; elles sont aussi souvent un moyen de protéger les consommateurs. Il y a ça et là des aberration, je le concède mais il ne faut pas confondre l'arbre et la forêt.

Ce n'est pas par hasard que rompant avec l'Europe, le Royaume uni se tourne vers les USA. Leurs entreprises et leurs consommateurs ont besoin de grands marchés sauf à condamner le pays au déclin comme ce fut le cas dans les années 60.

Pour ma part je reste partisan du modèle social-démocrate ou social libéral qui vise à profiter du marché autant que faire se peut mais aussi à faire en sorte que les gagnants du marché indemnisent les perdants ( par un financement de la redistribution et de la formation professionnelle) pour garantir la cohésion sociale. Ce discours a du mal à faire son chemin aujourd'hui entre l'ultra-libéralisme réactionnaire, le national-poujadisme et le gauchisme radical et c'est bien dommage!

[Brs]

Plus de frontières, monnaie commune. Tout le monde est pour. Sauf que la législation n'est pas partout la même. Et je pense qu'elle ne le sera jamais. Car pour les entreprises, la différence du coût du travail entre les pays, est ce qui permet d'engranger de confortables bénéfices.

Si l'idée européenne d'harmoniser les coûts du travail était forte, on aurait interdit les délocalisations.

Vaste débat ...

Et justement : je me demande à quoi bon réfléchir à ça, car je ne peux pas infléchir le cours des choses.

L'europe est un projet politique si vaste et complexe, que seuls les experts en politique peuvent distinguer la queue de la tête. Comme c'est incompréhensible, l'acte facile est de dire non à l'Europe.

Moi, tant que cette complexité organisationnelle de l'Europe perdurera, je dirai non. Je voudrais qu'il n'y ait que le conseil des présidents de nations et les représentants des peuples. Et ces représentants seraient les députés nationaux, tout simplement. Pas besoin de députés européens !

Oui je rêve. Avant on disait "diviser pour mieux régner". Aujourd'hui on complexifie toujours plus les lois. Nécessaire car la société devient de plus en plus complexe. Je ne crois pas à cette réponse. Je crois que cette complexité réduit les libertés des citoyens. Nous devenons, dans tous nos gestes quotidiens, de plus en plus dépendants de la complexité. La moindre fourchette est maintenant conçue en 3D sur ordinateur. La moindre entreprise croule sous la paperasse. Cette complexité, qui encadre les moindres aspects de la vie, gomme petit à petit l'humain.

Toutes ces normes européennes. "Vos étrons sont-ils bien normés ?" Voila un jour la question que se poseront les technocrates européens. Pour déterminer le diamètre des tuyaux d'évacuation des toilettes. Mince c'est déjà fait ! Votre étron doit être calibré pour s'évacuer via un tuyau de 100 mm.

Finalement, en Europe onrigole bien !

Cordialement,